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Le pouvoir des odeurs dans la déco

Un effluve de myrrhe dans le vestibule, une note d’angélique dans le boudoir et un soupçon de vétiver dans la chambre… fermez les yeux, vous êtes en 1927 à Garches, dans la villa L’ange volant conçue par l’architecte italien Gio Ponti. Pour la première édition de son programme « Genius Loci », visant à révéler l’esprit de lieux d’exception, la journaliste et commissaire d’exposition Marion Vignal a sollicité le parfumeur Barnabé Fillion, parmi les autres artistes et designers invités à dialoguer avec l’architecture de la villa. « L’art olfactif offre la possibilité d’une expérience différente, explique-t-elle. en matière de design et d’art contemporain, les gens ont tendance à se référer à ce qu’ils connaissent. Face aux odeurs, on est davantage livré à soi-même et à ses émotions. Cela permet de faire vibrer autre chose. » Stimuler notre faculté à sentir et à ressentir, telle semble être la nouvelle obsession de notre époque, réhabilitant un sens longtemps déprécié. « Jusqu’à récemment, l’odorat était considéré comme un sens inférieur, animal, lié au sexe et au plaisir, éclaire Annick Le Guérer, anthropologue et philosophe du parfum et de l’odorat. Après des siècles de glorification de la raison pure, la sensorialité suscite l’intérêt des scientifiques et des chercheurs qui l’envisagent désormais comme une intelligence à part entière. »

DES CRÉATIONS EN DUO

Depuis, la pandémie est passée par là, faisant planer le spectre de l’anosmie qui, en nous privant d’odeurs, nous ferme l’accès à « la chair du monde », selon les mots de la philosophe Chantal Jaquet, auteure de « Philosophie de l’odorat ». « Cela a engendré une prise de conscience collective, commente Amélie Huynh, directrice de la marque de parfum D’Orsay. après l’ère du culte de l’apparence, on cherche désormais à s’émouvoir à travers nos sens. » Imaginer une expérience non instagrammable, c’est précisément ce qui a motivé la designer Sophie Dries à composer, en tandem avec la parfumeuse Irène Farmachidi, une fragrance aux notes de benjoin, d’iris, de cyclamen et d’ambre minéral pour accompagner la présentation de sa collection de céramiques telluriques à l’occasion de la Paris Design Week. « Par le biais d’une odeur mais aussi d’une musique et d’une pièce secrète visible à travers un judas, j’ai conçu une immersion accessible uniquement à ceux qui s’étaient déplacés », explique l’architecte-designer, dont les bougies parfumées seront bientôt disponibles, dont une version haut de gamme en verre de murano incrusté de mica. Au même moment, les décorateurs Thierry Lemaire et Sandra Benhamou ainsi que Daniel et Michel Bismut accueillaient dans leurs galeries d’étonnantes sculptures odoriférantes de la collection « Profile by ». Derrière cette audacieuse association d’idées, Diane Thalheimer, experte en fragrance et passionnée d’art contemporain, a proposé à six artistes reconnus d’explorer ce médium impalpable en duo avec des nez. Résultat : une série d’œuvres exhalant des senteurs singulières, à l’instar de l’amphore faussement brisée d’Hubert le Gall aux notes de myrte, de musc et de laurier évoquant les bains grecs, signées par le parfumeur Jean-Christophe Hérault.

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